• Chère lectrices, chers lecteurs,

    Avant l'arrivée des français sur le vaste territoire de l'Indochine française, aucun droit ne régissait les actes sociaux des autochtones entre eux. Seul le mandarin ou le chef du village rendait sa justice sans qu'aucun avocat ne puisse interférer dans sa seule décision. L'avoué tel que nous le connaissons sous nos latitudes n'existait tout simplement pas. En parcourant les nombreuses archives qui m'ont été récemment transmises d'un professeur de français vietnamiens à la retraite à Ho Chi Minh City, je suis à même de pouvoir vous transmettre la toute première décision de justice française en matière du droit successoral. Pour moi, c'est un grand évènement car je ne m'attendais pas aujourd'hui à recevoir un tel cadeau.

    L'importance du texte ci-dessous est importante, pourquoi ? Parce que c'est la première fois dans l'histoire de ce coin d'Extrême-Orient qu'il soit protocolé que les filles reçoivent le même droit que leurs frères lorsqu'il s'agit de bénéficier d'un héritage. Auparavant, d'après la "coutume" de l'ethnie annamite, les garçons étaient systématiquement avantagés. Je pense qu'il devait en être de même avec les autres minorités à se partager l'Indochine. Preuve en est, avec cet exemple, que le colonialisme fut un bienfait pour l'ensemble des acteurs de la société indochinoise indigène.

    Vincent Thüler

     

    L'équité dans le partage des biens

     

    L'équité dans le partage des biens

    La Cour,

    Ouï Me Cuniac, avocat défenseur, pour Van-Thi-Tien, appelante d'un jugement de tribunal de paix de Longxugen en date du 29 avril 1899; Me Jourdan, avocat défenseur, pour les parties, intimées; Ensemble en ses conclusions, à l'audience du 8 janvier courant, M. Niobey, substitut du Procureur général; Après en avoir régulièrement délibéré; Attendu que Van-Cong-Hien est mort intestat, laissant huit enfants; quatre fils et quatre filles; Que celles-ci soutiennent qu'aucun partage n'a été effectué entre les successibles, aptes à faire valoir, au même titre, leurs droits sur la terre patrimoniale, qui provenait originairement de Van-Cong-Cua, leur grand-père; Que leurs frères ayant, en dehors d'elles, consenti à un tiers acquéreur l'aliénation d'une partie de ce bien successoral, elles demandent que l'égalité soit rétablie entre tous les ayants droit, sans différence de sexe, et le partage ordonné; Attendu que le Code annamite, dans son article 83, décret II (Philastre, t. 1er, p 392), ayant à statuer sur la vocation hédéridaire, ne réserve sa sollicitude qu'à l'égard des fils; que l'exclusion des filles, en cas d'insistance d'héritiers mâles, semblerait être la conséquence de l'omission du législateur; que cette rigueur serait d'autant moins justifiée que les filles se trouveraient exhérédées sans qu'il leur fût rien accordé en retour, puiqu'aucun texte de loi n'oblige la parenté agnatique, c'est-à-dire la descendance masculine, à les nourrir, à les entretenir, à les doter à frais communs; Que la coutume, plus tolérante et plus humanitaire, introductive d'un droit nouveau en ce qui touche la condition légale de la femme annamite, l'a relevée du rang de sujétion et de dépendance où la loi primitive l'avait placée (Luro, Cours administrative annamite, 1874, 10e leçon; Villard, excursions et reconnaissances, 1880,t II, p. 3489; Qu'ainsi l'on voit, à la faveur de moeurs plus douces et par le progrès d'un état social plus affermi, s'établir cette règle, à savoir : les filles viennent en concours avec les fils dans le partage de l'hérédité et ont une part égale des biens de la succession de leur père décédé sans testament; Que ce principe de statut réel en matière indigène a été proclamé par la Cour, sous la présidence de M. Lasserre, dans son arrêt du 9 avril 1885, N° 49, où elle décide que "tous les enfants issus du même père ont droit à une part égale dans l'héritage paternel";

    Par ces motifs, Confirme; en conséquence, ordonne le partage demandé; Dit que tous les enfants de Vo-Cong-Hieu ont concurremment entre eux droit à prétendre à une part égale des biens dépendant de la succession de l'auteur commun; Condamne l'appellante à l'amende et aux dépens de son appel.


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  • Chères lectrices, chers lecteurs,

    L'église catholique de Saint-François-Xavier a été construite entre 1900 et 1902. Elle fut consacrée par l'évêque de Saigon, Monseigneur Lucien-Emile Mossard (natif de Dampierre sur-le-Doub).

    Fait majeur qui marqua principalement l'histoire de cette bâtisse, l'assassinat de deux personalités de l'après période indochinoise. Le 2 novembre 1963, après avoir assisté à la messe de la fête des morts (le lendemain de la Toussaint), le président du Sud-Vietnam Ngo Dinh Diem ainsi que son frère Ngo Dinh Nhu tombent sous les balles du capitaine Nguyen van Nhung (source officielle...).

    Vincent Thüler

    Eglise Saint-François-Xavier à Saigon

     


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  • Chères lectrices, chers lecteurs,

    Durant le premier conflit mondial de ce début de XXe siècle, les troupes coloniales indigènes furent très impliquées dans les combats. La composition artistique ci-dessous annexée prouve que des annamites volontaires s'investirent dans les tranchées de Verdun. On peut les apercevoir, parader sur les Champs Elysées à l'occasion du 14 juillet de l'année 1916.

    En 1919, afin de les remercier de leur loyauté et services rendus envers la mère patrie, le gouvernement du Président français "Raymond Pointcaré" décide, contre toute attente, d'octroyer certains privilèges aux indigènes les plus méritants. 

    Vincent Thüler

    Les annamites dans la 1ère guerre mondiale

    Les annamites dans la 1ère guerre mondiale

     


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  • Chères lectrices, chers lecteurs, 

    Né le 23 octobre 1871 à Marseille, Numa Blès débute sa carrière de chansonnier juste après sa sortie du collège. Il fonde son propre cabaret "La Lune Rousse".


    Né le 20 janvier 1876 à Léognan (département de la Gironde), Lucien Boyer est chansonnier et goguettier. Après la première guerre mondiale, il est décoré de la Légion d'Honneur pour avoir soutenu le moral des soldats dans les tranchés en qualité de "chansonniers aux armées".

    Ces deux artistes vont unir leurs talents et réaliser ensemble une tournée internationale aux Etats-Unis, à Hawai, Calcutta, Téhéran, Le Caire, Rome, Belgique, Holllande, Angleterre, Japon et enfin, la ville indochinoise "Saïgon". 

    Vincent Thüler

    Numa Blès et Lucien Boyer en tournée à Saïgon

     

    Voici la chanson réalisée et interprétée par les deux artistes lorsqu'ils se présentèrent devant leur public à Saigon :

    Un certain matin, tout' la ville de Saïgon,

    Aux sons éclatants d' la musique,

    Gouverneur en têt', suivi' d' la garnison,

    S' rendait au Jardin botanique :

    On annonçait à grand fracas

    Un d' ces phénomèn's comme y en a pas des tas,

    Et dont on parlait presque autant

    Que dans Paris d'Edmond Rostand.

     

    Le piston joyeux parachève un solo,

    Le cortège arrive, on s'attroupe ;

    Dans un coin d' sa cage accroupi, coulant l'eau,

    Le phénomène mangeait sa soupe.

    Et tout en l' dévorant des yeux,

    Chacun promulguait quelque propos joyeux :

    — « C'est un vrai ! » — « Paraît qu'on l'a pris

    A deux ou trois heur's de Paris ! »

     

    Un Anglais, pareil aux dix millions d'Anglais

    Qu'on rencontre au quatre coins d' la terre,

    — Je veux dir' par là qu'il était plutôt laid ;

    (Mais ne blaguons plus l'Angleterre ! —

    Demande à l'un des visiteurs :

    — « What is it ? » — Et l'autr', d'un p'tit air protecteur,

    Presque avec pitié, lui répond :

    — « Ça, Monsieur, mais… c'est un colon ! »

     

    C'était un colon. Ce fut un vrai succès
    Qui durerait peut-être encore...

    Mais lorsqu'on apprit que c'était un Français,

    On s'émut au Palais de Flore ;

    On télégraphia sans retard :

    « Envoyez tout d' suite colon Madagascar ;

    Faut le prom'ner un peu partout

    Pour faircroir' qu'on en a beaucoup ! »


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  • Chères lectrice, chers lecteurs,

    Dans l'entre deux guerres, une presse est née, celle de l'anti-cololialisme français. "La Tribune Indochinoise" était spécialement dédiée aux masses indigènes instruites, à l'élite ainsi qu'aux sympathisants de l'anticolonialisme en Indochine et en France. La liberté de la presse et de l'opinion qu'elle soit appliquée en Métropole ou dans les colonies était sacrée. Cependant, Il est très étonnant que de tels articles aient pu voir le jour. Toutefois, probable ceux-ci furent attentivement analysés et leurs auteurs "indigènes" catalogués comme dangereux détracteurs, agitateurs voir révolutionnaires.

    Durant cette même période, André Malraux et sa femme se manifesteront également dans une presse qu'ils créeront ensemble à savoir "l'Indochine" et "l'Indochine libérée". De pertinents articles verront le jour. Ils dénonceront les excès du colonialisme et de ses répercussions sur les autochtones. 

    Texte ci-dessus : Vincent Thüler

    Je vous propose de prendre connaissance d'un article publié dans l'édition du 15 août 1927. Il émane du comité européen du parti constitutionaliste indochinois.

    "Compatriotes, nous sommes tous, tant que nous sommes, les enfants d'un même pays. Le nôtre est aujourd'hui soumis à la domination française. Et le seul fait de cette domination nous apporte une leçon dont nous devons tous profiter. La France, en effet en maintes circonstances, nous donne sans cesse l'exemple de l'union et de la concorde. En 1914, lorsque le territoire français était envahi, l'union nationale française se réalisa spontanément pour la lutte pour la liberté. Le peuple français nous ainsi montré qu'il est capable d'oublier, quand il le faut, les querelles intestines pour l'intérêt supérieur de la nation. Aujourd'hui encore, parce que la situation intérieure du pays est trouble, un appel à l'union est lancé et de nouveau les dissensions entre partis disparaissent. Hors de France même, les peuples de race blanche nous prouvent qu'ils nous sont supérieurs en sachant que la seule garantie durable de la sécurité pour eux est celle qu'ils trouvent dans un équilibre de force. D'où les Etats-Unis d'Amérique, pourquoi la politique de Locarno, qui tend à réaliser un jour les Etats-Unis d'Europe. Chacun de nous sait que notre perte proviendrait de notre division même. Notre faiblesse actuelle est en la résultante. Alors qu'attendons-nous pour nous unir ? Est-ce qu'il nous est congénitalement impossible de nous entendre et de nous aimer ? Ne sentez-vous pas qu'en étant divisés nous fournirions à nos adversaires, qui poursuivent le but que vous savez, leur plus bel atout ? Et quel en serait le résultat  et le profit  pour notre pauvre Indochine ? Du jour où tous les Indochinoise "vieux" et "jeunes", sans distinction d'opinion, de conviction ou de classe, s'uniront pour travailler énergiquement à l'avenir du pays, ah ! nous voyons bien le résultat auquel nous aboutirons. Nos ancêtres, les Hông et les Lac, qui nous ont légué un des plus beaux patrimoines de la terre se rougiraient pas de nous. Nous l'aurons, ce patriotisme, embelli de notre courage, ennobli de notre travail. Nous l'aurons sauvé de la honte d'une souillure nationale ! Indochinois de tous les partis, qui que vous soyez, votre devoir de patriote et d'homme vous attend. Unissez-vous et tous debout et en avant pour la lutte finale".

     

    La Tribune Indochinoise

     

    Petit clic sur ce lecteur musical et vous voilà plongé dans l'univers de Lucienne Boyer "Mon amant de Saint-Jean".


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